Du Petit Prince au Roi Soleil
Déjà remarquée dans le rôle de la Rose dans Le Petit Prince, le spectacle musical de Richard Cocciante, en 2002 au Casino de Paris, Cathialine Andria incarne aujourd’hui avec une touchante sensibilité la douce Françoise d’Aubigné dans Le Roi Soleil. Nous l’avons rencontrée dans les coulisses du Palais des Sports juste après la fin d’une représentation.
Cathialine Andria, vous sortez juste de scène. Comment vous sentez-vous ?
Je me sens encore toute excitée, je crois qu’on met un certain temps à décrocher après les applaudissements. C’est une énorme mobilisation d’énergie pendant deux heures. Je suis très heureuse de la complicité que nous avons tous dans la troupe, une complicité qui génère une énergie collective telle qu’on ne sent pas la fatigue ! Nous sommes également portés par l’accueil extraordinaire du public. Malgré tout ce qui peut être fait en amont, tous les moyens qui peuvent être mis en place, rien n’est gagné d’avance. Nous sommes très soulagés et heureux des réactions chaleureuses du public.
Vous êtes la dernière à avoir intégrer la troupe du Roi Soleil. Comment cela s’est-il passé ?
J’ai eu beaucoup d’appréhension. Quand je suis arrivée, le premier single "Etre à la hauteur" était déjà sorti. Je suis arrivée en janvier, juste avant l’enregistrement de l’album. Apparemment, les producteurs avaient beaucoup de mal à trouver quelqu’un pour le rôle de Françoise d’Aubigné. Il fallait aussi que ce soit quelqu’un qui soit complémentaire des trois rôles féminins déjà pourvus. Je m’étais pourtant présentée aux premiers castings mais, à ce moment-là, je n’avais pas été retenue. C’est vrai que j’étais venue sur la pointe des pieds, sans trop de conviction, ça s’est peut-être senti. J’avais un peu peur de me lancer dans un tel projet, j’avais déjà fait une autre comédie musicale. J’avais peur de tomber dans une catégorie et puis, il y avait l’inquiétude de savoir ce qu’allait être le spectacle. Quand on signe, on ne sait pas dans quoi on va s’engager. Finalement quand on m’a dit que j’étais prise, j’ai voulu écouter les musiques. Quand j’ai entendu la bande musicale, j’ai trouvé ça super, et là je me suis dit : "il faut y aller". Bien évidemment l’histoire a aussi compté, avec tout ce que ça sous-entendait en termes de beaux costumes, de visuels.
Que retenez-vous de la phase de préparation et de répétition du spectacle ?
Ca s’est très bien passé. Ce que je retiendrai surtout, c’est le calme de Kamel Ouali. Je suis impressionnée. J’avais entendu dire plein de choses sur lui et rien n’était vrai. Dans la précédente comédie musicale sur laquelle j’ai travaillé, c’était beaucoup plus speed. Jamais Kamel ne s’est énervé alors que de nombreuses responsabilités reposaient sur ses épaules. Pour moi, ce qui a été le plus difficile, ce fut la comédie. Je n’en avais jamais fait, je suis chanteuse avant tout. Ce fut un combat intérieur long et difficile, j’avais de grosses inquiétudes. A un moment, il a fallu lâcher prise, ne plus se poser de question et rentrer dans la peau du personnage.
En 2002, vous interprétiez la Rose dans Le Petit Prince. Quels souvenirs gardez-vous de cette aventure ?
Un très bon souvenir. Pour une première expérience professionnelle, je ne pouvais pas rêver mieux. Je suis très fière de ce spectacle, c’était très classe, très beau, très poétique. Je me sentais complètement en phase avec ce projet. On est restés sept mois au Casino de Paris. Maintenant, il reste le regret de ne pas avoir fait de tournée. Si le spectacle n’a pas mieux marché, c’est qu’il manquait de titres porteurs, dits "commerciaux" et qu’il n’a pas été suffisamment médiatisé, contrairement au Roi Soleil. En tout cas, cette expérience me sert beaucoup aujourd’hui. J’ai l’avantage énorme d’avoir l’habitude de jouer tous les soirs. Je connais le rythme, je sais ce qu’il faut faire et ne pas faire en matière d’hygiène de vie. Dans une troupe, c’est important aussi de savoir gérer la personnalité de ses partenaires.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans Le Roi Soleil ?
Tout d’abord les chansons. Je les trouve extrêmement variées, entraînantes, il y en a pour tous les goûts. J’ai la chance d’interpréter la seule chanson acoustique du spectacle accompagnée par les quatre musiciens. C’est un vrai bonheur de pouvoir jouer avec eux. Je prends aussi beaucoup de plaisir sur les scènes de comédie, je ne l’aurais jamais cru. J’aurais bien aimé danser un peu plus mais mon personnage ne s’y prête pas…
Justement, comment avez-vous abordé votre personnage, Françoise d’Aubigné, Madame de Maintenon ?
J’ai essayé de voir les points communs que je pouvais avoir avec elle et je m’en suis trouvé plein. Je me suis dit qu’à la production, ils avaient du flair ! J’ai toujours aimé l’histoire, ça n’a donc pas été un calvaire de me replonger dans cette époque. J’ai découvert énormément de choses sur cette période, notamment que l’homme n’a pas tant évolué que ça ! Ce qui est compliqué dans ce genre de spectacle, c’est qu’on est obligé de faire des ellipses. On a tellement peu de temps pour faire sentir aux gens par quoi passe le personnage que c’est important de ne pas louper le coche quand on dit quelque chose, chaque phrase compte.
Avez-vous envie de continuer dans le spectacle musical ou la comédie musicale ?
Tout dépendra des opportunités ou de ce qu’on me proposera mais a priori, je crois que je m’arrêterai là. Je préfère me consacrer à mes projets personnels et en particulier à mon album sur lequel je travaillais déjà avant Le Roi Soleil. Je compose les musiques et je co-écris les textes. C’est très piano-voix ; d’ailleurs je chante en m’accompagnant au piano. Depuis que les représentations ont commencé, j’ai déjà eu quelques contacts intéressants. A suivre…